Colloque International : « Vladimir Nabokov et la France »

Les Chercheurs enchantés : Société Française Vladimir Nabokov

Paris, 30 mai-1er juin 2013



LAFONT, Anne-Marie – Lycée Jean Cocteau, Miramas, France
Comment adapter Vladimir Nabokov dans le programme de français au lycée

    Dans le cadre de l’étude d’un roman et ses personnages en classe de 1ère, nous avons travaillé sur l’adaptation filmique du deuxième roman russe de Vladimir Nabokov, Roi, dame, valet. La volonté première a donc été d’intégrer dans le programme de français une œuvre qu’on inclura également dans la tradition des romans d’apprentissage du XIXe siècle. Pour cela, nous avons pris le parti de faire une parodie en mettant l’accent sur l’intertextualité.
    A partir de quelques scènes choisies, nous montrerons tout d’abord comment nous avons réécrit le roman de Nabokov tout en respectant non seulement la trame du livre, mais aussi l’ « esprit » nabokovien. En effet, partant tout d’abord de pastiches des romans de Flaubert, nous avons ensuite fait le choix d’intégrer des scènes non inscrites dans le roman, issus en revanche d’autres extraits littéraires étudiés en classe, afin de montrer aux élèves ce que représentait l’intertextualité.
    Par ailleurs, nous expliquerons certains choix de réécriture comme par exemple le parti pris de ne faire jouer que des « jeunes filles en fleur », et celui d’avoir délibérément mélangé les années 30 à nos jours, ce qui a permis de parodier l’époque des adolescentes et, de là, de leur faire apprécier davantage la notion de « parodie ».
    Enfin, nous démontrerons, par le témoignage de certaines élèves, que le but de comprendre l’œuvre en question, son inscription dans une époque, l’écho qu’elle a avec d’autres œuvres du patrimoine français, a été possible avec l’aide de cette réalisation filmique sans laquelle le roman de Nabokov aurait pu rester non seulement incompris, mais surtout non apprécié.
Cette intervention nous permettra de montrer comment adapter un auteur russo-américain, souvent perçu comme élitiste, à une classe de 1ère, dans le cadre du programme de français. Ceci justifiera son appartenance à la tradition littéraire française, mais aussi son étude dans le secondaire. 

 

Anne-Marie Lafont est certifiée en Lettres Modernes, enseigne en lycée et a passé une grande partie de sa vie à l’étranger, notamment treize ans sur le territoire russe. Elle poursuit son travail sur l’œuvre russe de Vladimir Nabokov, plus particulièrement ses romans. Ses recherches portent sur le « genre » (gender studies) et l’amour dans les romans de l’écrivain russe.

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HAMRIT, Jacqueline – Université de Lille III
Sartre, Lacan, Derrida and Nabokov

    In order to explore the relationship between Nabokov and  French thought, I propose to proceed in two parts. In a first part, I would like to study the contents and significance of what two main leading French modern philosophers, such as Sartre and Lacan, wrote on Nabokov’s works. As regards Sartre, I will prolong D. Barton Johnson’s thorough article entitled « The Nabokov-Sartre controversy  » and published in Nabokov Studies (Volume 1, 1994) where he recalls Sartre’s commentary on Despair and Nabokov’s reaction to and dismissal of Sartre. As for Lacan, I will analyse his commentary on Lolita in the document owned by « L’association freudienne internationale » and which corresponds to Lesson 26 (dated June 24, 1959) of the 1958-1959 seminar entitled « Le désir et son interpretation » where Lacan opposes the neurotic structure of Humbert’s desire to the perverse one of Quilty.
    In a second part of the paper, I would like to prolong my reflexions on the relationship between Nabokov and French philosopher Jacques Derrida that I exposed in an article published in 2003 in The Oxford Literary Review where I analysed the epistemological proximity of Derrida’s and Nabokov’srepresentation of reality. Indeed, although Derrida never wrote on Nabokov – though he told me he had read Lolita and was pleased to be associated to Nabokov- , it is possible to resort to deconstruction and a great number of Derrida’s concepts to indulge in a fruitful literary criticism of Nabokov’s works.
    I will conclude by wondering why French thought and French philosophers have been useful in the interpretation of Nabokov’s works. And last but not least, to what extent can Nabokov be considered himself as a thinker?

 

Jacqueline Hamrit : Professeur agrégée d’anglais à l’Université de Lille 3 depuis 1991, elle enseigne des cours de langue et de langue de spécialité à l’UFR de psychologie, après avoir été chargée de cours de littérature anglo-saxonne pendant treize ans à l’UFR d’anglais. Titulaire d’une thèse sur Vladimir Nabokov, intitulée « Frontières et limites dans l’œuvre de Vladimir Nabokov » et soutenue en décembre 2003 à l’Université de Lille 3, elle s’intéresse aux relations qu’entretiennent entre elles la littérature et la psychologie ainsi que la littérature et la philosophie. C’est ainsi dans le sillage des écrits du philosophe français Jacques Derrida qu’elle étudie l’œuvre de Nabokov.

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GRANT, Paul Benedict – Memorial University of Newfoundland, Canada
Blessing the Freak : Nabokov contra Bergson

    Nabokov’s fondness for the work of French philosopher Henri Bergson is a matter of record (Strong Opinions, 43), and critics have consequently traced correspondences between the two writers based on Bergson’s theories on time, consciousness, and evolution. A few critics have also studied Nabokov’s fiction in relation to Bergson’s essay on the comic, Le Rire (1900), and almost all find an ideological kinship with respect to their views on laughter. This paper will, by contrast, focus on the differences that exist in their approach to this subject. Bergson locates the source of laughter in ‘something mechanical encrusted on the living’ and sees it as a corrective by which errant individuals are humiliated into returning to the group: ‘it is the business of laughter to repress any separatist tendency. Its function is, to convert rigidity into plasticity, to readapt the individual to the whole’. Nabokov’s fiction contains many mechanically-minded figures who invite laughter: Franz, the molded mannequin of King, Queen, Knave; Paduk, the doll-like dictator of Bend Sinister; Gradus, the clockwork killer of Pale Fire. But laughter is not intended to bring these figures back to the fold: they are beyond redemption because they represent the herd that Nabokov despised. This points to an ideological parting of the ways. While Bergson believes that the group is flexible and innovative and the individual is rigid, Nabokov argues the opposite, and champions the lone eccentric: ‘true art deals not with the genus, and not even with the species, but with an aberrant individual of the species’ (Strong Opinions, 155); ‘let us bless the freak; for in the natural evolution of things, the ape would perhaps never have become man had not a freak appeared in the family’ (Lectures on Literature, 372). Nabokov’s fiction is full of such freaks, and although he’s not averse to laughing at their mishaps, his laughter is laced with pathos. This appeal for pity highlights another crucial difference between Nabokov and Bergson with respect to their approach to laughter, because Bergson thinks that for laughter to be possible we must cultivate an ‘anesthesia of the heart’. Nabokov may chloroform an overly emotional response, but his real concern lies with the residue of guilt and sorrow that’s left when the anesthesia wears off and his readers come round to the realization of what they’ve been laughing at.

Paul Benedict Grant is an Associate Professor of English at Memorial University of Newfoundland. He has published several essays on humor in the work of Nabokov, Raymond Carver, and Flannery O’Connor. Current projects include a monograph, Mind and Matter: The Humour of Vladimir Nabokov, and Lolita: A Biography, co-authored with Brian Boyd.

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GASSIN, Alexia – Université Paris-Sorbonne – Paris IV, France
L’hommage de Serge à Vladimir

    Même si presque trente années les séparent, Vladimir Nabokov et Serge Gainsbourg présentent de nombreuses similitudes. Par exemple, sur le plan biographique, ils sont tous les deux nés de parents russes qui, suite à la Révolution de 1917, sont contraints de quitter la Russie en 1919. Outre les difficultés de l’exil, ils doivent affronter la discrimination et la persécution antisémites. Ensuite, d’un point de vue artistique, les deux hommes, à l’âge adolescent, se destinent à une carrière de peintre mais se tournent finalement vers la littérature ou la musique tout en continuant de développer leur œil d’artiste et d’insérer d’autres arts (le cinéma, par exemple) dans leurs compositions. Ils peuvent alors être considérés comme des artistes complets dont un autre point commun essentiel est le sens du jeu de mots et le goût de la provocation.
    Gainsbourg n’a jamais caché son enthousiasme pour l’œuvre de Nabokov, notamment pour le roman Lolita (1955) qui reste pour lui une révélation, ce qu’il explique clairement dans une interview de 1982 menée par Noël Simsolo et intitulée Une Journée avec Serge Gainsbourg. Lors de cet entretien, Gainsbourg évoque ainsi le poème composé par Humbert Humbert à l’intention de Lolita et débutant par les mots « Perdue : Dolorès Haze » qu’il avait souhaité mettre en musique dès 1962. Pour ce faire, il avait essayé de joindre Nabokov mais en vain, l’auteur étant occupé par le tournage du film Lolita de Stanley Kubrick. Malgré ce « rejet », l’inclination de Gainsbourg pour l’écrivain se retrouve néanmoins tout au long de la carrière du compositeur qui utilise régulièrement le motif de la nymphette, ce que nous pouvons entendre notamment dans son album Histoire de Melody Nelson (1971) et plusieurs autres chansons, telles que Cha cha cha du loup (1959), Rocking-Chair (1978), Mister Iceberg (1978), Hey man amen (1988), etc., et que nous pouvons aussi voir dans son film Stan the Flasher (1990) qui raconte l’histoire d’un exhibitionniste.
    Dans notre communication, nous nous proposons d’explorer les œuvres connues et méconnues de Gainsbourg sur le thème de Lolita et d’étudier ses relations avec les principaux textes de Nabokov à ce sujet, à savoir les romans Chambre obscure (1933) et Lolita (1955) et la nouvelle « L’Enchanteur » (1939). 

Alexia Gassin : Titulaire d’une Licence d’Allemand, d’une Licence d’Administration Publique et d’un D.E.S.S. de Marketing Opérationnel, Alexia Gassin est actuellement Doctorante en Études Russes à l’Université Paris-Sorbonne (Paris IV). Elle écrit une thèse sur « L’œuvre de Vladimir Nabokov dans le contexte de la culture et de l’art allemands à l’époque de l’expressionnisme ».

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FILIMONOV, Aleksey – Saint-Petersbourg
Le thème français dans la poésie de Nabokov-Sirine

    Pour le prosateur et poète Sirine (le Nabokov russe), la période parisienne fut l’une des plus fécondes. Après avoir quitté Berlin pour Paris à l’automne 1937, Nabokov y resta jusqu’à son départ pour l’Amérique en mai 1940. C’est à cette période qu’est consacré le « Poème parisien » (1943), chef-d’œuvre du Nabokov mûr, où les realia du temps, les personnages historiques, la douleur de la perte de la Russie, le pressentiment qu’il s’agit d’une époque tragique pour l’Europe et la conscience que la littérature de l’émigration va disparaître, sont exprimés de manière particulièrement aigüe, par l’utilisation de procédés artistiques pour lesquels sa prose est si célèbre et qui sont ici transférés sur le terrain de la poésie.
    Dans ce poème la figure de Khodassévitch, vivant dans une mansarde, est significativement décrite par l’auteur comme une créature immatérielle. Khodassévitch était le frère d’armes de Sirine et des échos de la lutte littéraire avec Adamovitch, Hippius et Georgij Ivanovitch apparaissent clairement dans les lignes du « Poème parisien ».
    Les figures romantiques des chevaliers-croisés, du Roi Arthur, de la Belle Dame, apparaissent dans les poèmes de sa jeunesse, pour partie inspirés par la poésie d’Alexandre Blok et de Nikolaï Goumiliov, qu’aimait beaucoup Nabokov. Dans un poème écrit encore plus tôt, « Napoléon en exil », Nabokov consacre une stance, écrite en Crimée, à son propre destin :
       Il s’est arrêté ; il est pitoyable
       Dans ce chapeau à larges bords
Dans tous les vers français de Nabokov-Sirine on peut encore distinguer un thème, qui est le filigrane de toute la poésie russe, le thème du bonheur, de la victoire sur le tragique au travers de la « Joie de vivre », selon le titre en français de l’un de ses poèmes.
    Dans les poèmes intitulés « La bonne Lorraine » et « L’inconnue de la Seine » transparaissent les figures fémines sacrifiées de Jeanne d’Arc et d’une inconnue, retrouvée noyée au 19ème siècle, dont le masque mortuaire était devenu un attribut de la culture de masse. Dans ces œuvres-là Nabokov exprime la sensation d’un art contemporain qui copie les représentations de tous les jours.
    Le monde artistique de l’auteur, tourné ves l’essence des événements historiques et vers le monde individuel de l’homme résiste au déclin par l’instauration d’un dialogue étroit avec l’héritage de la poésie russe et mondiale. Ce n’est pas un hasard si Nabokov a traduit en russe Pierre Ronsard, Alfred de Musset, Charles Baudelaire et Arthur Rimbaud.
   Dans l’œuvre « Provence » (1923) Sirine écrit sur le sentiment d’harmonie universelle qu’il a éprouvé sur l’antique sol français :
       Comme il est bon dans ce monde résonnant
       De se couler de l’épaule le long de clôtures crayeuses
       D’être un poète russe égaré
       Parmi les murmures de la cigale latine !
C’est cette habileté à retranscrire le monde dans toute sa beauté et son tragique en s’appuyant sur l’expérience vivante de l’homme et le dialogue avec la poésie française qui a fait de cette œuvre poétique une œuvre profonde et à multiples facettes.

Aleksey Filimonov est poète, critique littéraire. Il a fait paraître des recueils de poèmes : « Le mot nocturne » (Saint-Pétersbourg, 1999), « L’orage lilas » ( Veliko Tarnovo, Bulgarie, 2012, avec des traductions en bulgare) et « La gorgée de vie », recueil de traductions en russe du poète bulgare, Vladimir Stoyanov (Veliko Tarnovo, 2012). Il a traduit les poèmes anglais de Vladimir Nabokov. Il est l’auteur d’études, d’essais et d’exposés sur le monde artistique de Vladimir Nabokov. Il a participé à un film documentaire « Vladimir Nabokov. Les racines russes » (2010). Il est le créateur en littérature d’un nouveau courant philosophique et littéraire – le vnévisme* – auquel A. Filimonov et ses disciples consacrent des travaux scientifiques et sur lequel ils ont aussi tenu en 2011 une conférence internationale pratique et scientifique à Saint-Pétersbourg. Il est lauréat de prix littéraires russes.

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FAYE, Sabine – Université Paris III – Sorbonne Nouvelle
Nabokov et Mallarmé

   Des références aux poèmes  du poète symboliste Stéphane Mallarmé  apparaissent dans certains  romans  de la période américaine de Nabokov. Les analogies entre l’œuvre de Nabokov et celle de Mallarmé ne manquent pas tant d’un point de vue esthétique que d’un point de vue métaphysique.
    Nabokov partage avec Mallarmé certains traits stylistiques. L’un et l’autre font usage d’images  et de métaphores qui tendent à déréaliser  le monde représenté.
    Dans ses écrits théoriques Mallarmé élabore un véritable Art Poétique. Sa réflexion sur le langage,  sur les sons,  les mots et leur autonomie par rapport au sens annonce l’Art Poétique de Nabokov illustré dans ses romans  les plus novateurs. Le défi lancé au hasard devient l’un des enjeux de l’écriture.
   Le traitement de l’espace et du temps, chez Nabokov comme chez Mallarmé, passent par une vision idéalisante.  A un ailleurs idéal et inaccessible correspondent la mélancolie d’un passé idéalisé et le désir d’un futur idéalisé, mais la vision extatique a pour corollaire une vision ironique.
   Nabokov comme Mallarmé représentent dans leurs œuvres un monde onirique ou un monde platonicien qui remet en question les apparences et suggère la possibilité d’une essence. Cette quête s’exprime par l’évocation obsessionnelle des  figures de l’absolu. Hantés par l’absence et la disparition l’autre défi qu’ils relèvent est de rendre l’essence concrète et  l’invisible visible. 

Sabine Faye estagrégée d’anglais, Docteur ès lettres, et Maître de Conférences à l’Université Paris III-Sorbonne Nouvelle, où elle enseigne les littératures anglaise et américaine, ainsi que la traduction littéraire et la peinture américaine. Auteur d’une thèse sur les romans de Vladimir Nabokov. Membre du centre de recherches Arias (Paris III-Ulm-Cnrs).

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EELLS, Emily – Université Paris-Ouest Nanterre La Défense, France
Proust, Nabokov and “the language of rainbows”

    A few years after ranking ‘the first half of Proust’s fairy tale, In Search of Lost Time’ as the fourth ‘greatest masterpiece of twentieth-century prose’, Nabokov paid open tribute to Proust in his request that the cover illustration for the Penguin paperback edition of Ada should be a cattleya orchid. His works bear the imprint of his reading of Proust; to cite Lolita, they ‘prolong the Proustian intonations’ of time and memory which have been insightfully analyzed by Robert Alter (1991), John Foster (1995) and Michael Wood (2002), to name but three of Nabokov’s exegetes. The paper proposes to mark a departure from their work by concentrating on the Proustian reflections in the colored language Nabokov uses in Ada and Speak, Memory, including the first version of chapter five, published in French as ‘Mademoiselle O’. As suggested by the rest of the sentence in Ada from which the title of this paper is extracted (it refers to those “colored-chalk pencils whose mere evocation (Dixon Pink Anadel!) makes one’s memory speak in the language of rainbows”), a study of Proust and Nabokov’s literary relationship cannot ignore the question of memory and time. However, the particular focus here will be on the synaesthetic inflection of their language. Nabokov identified Proust as a synaesthesist who, like himself, “saw sounds in color” (cf. Lectures on Literature). This paper will highlight how both Proust and Nabokov filter experience through the prism of the senses. It will consider the importance of mauve in Proust’s novel which Nabokov singled out as ‘the color of time’. It is also the color of affect, from the emblematic cattleya of Swann and Odette’s love-making to the hue of amaranth evoked by the narrator’s infatuated reverie on the name of the Duchess of Guermantes. Nabokov uses that ‘purple passage’ to color Van Veen’s family’s name, and it will serve as the point of departure of a comparative analysis of the chromatics of Proustian and Nabokovian onomastics.

Emily Eells est professeur de littérature anglophone à l’Université de Paris Ouest Nanterre La Défense. Depuis la publication de son livre Proust’s Cup of Tea: Homoeroticism and Victorian Culture (Ashgate, 2002), elle consacre ses recherches à Oscar Wilde et la France. Elle a publié une édition bilingue de l’adaptation théâtrale du Portrait de Dorian Gray par Jean Cocteau (Two Tombeaux to Oscar Wilde : Jean Cocteau’s Le portrait surnaturel de Dorian Gray et Raymond Laurent’s Essay on Wildean Aesthetics, Rivendale Press 2010). Elle dirige le groupe de recherche Confluences : Les Mots étrangers (CREA : Centre de recherches anglophones) qui travaille sur l’hétéroglossie et l’interaction des langues inscrite dans le texte.

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 DE LA DURANTAYE, Leland – Claremont McKenna College, California, USA
Pure Time and Perceptual Time, or The Influence of Henri Bergson on Vladimir Nabokov

    While Henri Bergson was likely not what Maeterlinck suggested he was –“l’homme le plus dangereux du monde”—Bergson’s vision of time and memory, more even perhaps than for the philosophers of his generation and the one that was to follow it, was phenomenally influential for the creative writers of the first part of this century (one would do well to remember the intensity of feelings that Bergson’s writings raised for members of Nabokov’s generation:  Julien Benda remarked that he would have joyfully killed Bergson if he might thus have arrested his influence; T.S. Eliot was at no small pains to denounce the « epidemic » which was « Bergsonism”; William James said of reading Bergson that, « it is like the breath of the morning and the song of the birds”).  For his part, Vladimir Nabokov was charmed enough by Bergson’s matinal song to list him among his preferred authors in the years he was forming his literary vision.
    Bergson was such a phenomenally appealing philosopher to artists of Nabokov’s generation, and the one directly preceding it (which was Bergson’s own, and that of his cousin Proust), for a number of reasons.  One is indeed his style, the rhythms and cadences of his elegant and flowing, his “musical” prose  (Bergson was awarded in 1928 the Nobel Prize for Literature).  What is more, this eloquence, this fluidity and facility of Bergson’s prose is ringed with a sort of désinvolture in that Bergson ceaselessly indicts language for its creation of false problems, its false découpures of rolling, swelling, constantly creative life.  And yet this eloquence and its corresponding dismissal as not essential, and even as an impediment, to the intuitive apperception of durée also appealed (and appeals) to artists for the place it gives precisely to artistic intuition.  Bergson consequently presented art, works of art, and artistic gestures as undivided motions which can only be falsified by the analyzing (that is, the dividing, the segmentarizing) mind.  To wit, the artist need not answer to the critic; the critic can never be commensurate, at least by way of analysis, of division and separation, with the artist and his or her initial, original gesture.
    These aspects of Bergson’s writing in all probability contributed to the attention that Nabokov devoted to Bergson—at least during the ‘20’s to the ‘30’s (and again in the mid-60’s during the composition of Ada—as evidenced by the preparatory notes to that novel contained in the Berg Collection).  But more particularly, in questions pertaining to theories of time and memory that Bergson was most important for the development of Nabokov’s thought—and most useful in its understanding today.  It is for this reason all the more surprising that the profound links between the two writers have gone relatively unremarked upon by critics of Nabokov.  One is pleased to note that the editor of The Garland Companion dedicates an entry to their relation, but one is disappointed to find that, given the importance of the connection, that the entry in question fails to take into account the points on which Nabokov and Bergson most powerfully agree and disagree.  The Bergson studied in The Garland Companion is the mystical Bergson, the Bergson who left no visible traces in Nabokov’s work but who, following the author of this entry, shared with Nabokov a belief in another world beyond this one.  Writers who believe in another world beyond this one are not rare in this or any other century and thus the mere presence of this theme in both writers hardly seems important enough to dedicate such attention to it (no case is made in said entry that Nabokov’s belief in immortality, or his manner of evoking it, was directly or even indirectly conditioned or formed by his reading of Bergson). Nabokov repeatedly rejected organized religion and aligned his faith in another world and time-eternal with no system of beliefs; Bergson, on the other hand, was a practicing and openly religious man and wrote openly of his religiosity.  This is disappointing as an exploration of a shared “cosmogony” given that it is conducted to the detriment of the conceptions of time and memory which so link Nabokov and Bergson (and are which accorded a single summary paragraph).  Other critics have studied the relation, such as Michael Glynn, Brian Boyd, and others, and advanced its understanding. That said, I believe a more direct linking of the two men’s views can reveal essential insights into Nabokov’s conceptions of creativity and memory.  I propose, therefore, to align Bergson’s so-called “anti-intellectualism,” his dismissal of Einstein’s relativity, his definitions of image, reality and perception and his theories about the memory and time with Nabokov’s very similar views on those questions.  In doing so I will stress the ways in which Nabokov’s conception of memory sharply differs from Proust’s, and is extraordinarily close to Bergson’s.  The goal is a clearer understanding of the relation between what Nabokov calls in Speak, Memory “the prison of time” and art’s way out of it.

Leland De la Durantaye is the author of Style is Matter: The Moral Art of Vladimir Nabokov and Giorgio Agamben: A Critical Introduction, and the translator of Jacques Jouet’s Upstaged. He is Professor of Literature at Claremont McKenna College.

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DRAGUNOIU, Dana – Carleton University, Canada
The French Duel and Nabokovian Moral Autonomy

   In Speak, Memory, Nabokov asserts that “[a] Russian duel was a much more serious affair than the conventional Parisian variety.” In his annotations to Eugene Onegin, Nabokov traces this lack of seriousness to the 1830s when the French bastardized the dueling code that they had made influential in the late 16th century and turned it into the farcical “‘back-to-back-march-face-about-fire’ affair popularized in modern times by movies and cartoons.”
   The lovingly detailed description that Nabokov lavishes on “the classical duel à volonté of the French code” may strike us anachronistic. Historians of the duel (Kiernan, Reyfman, Appiah) tell us that dueling met with fierce criticism even at the height of its popularity. Montaigne spoke for many such critics when he noted that the duel’s “laws of honor […] shock and trouble those of reason.” Nabokov’s own father published an influential essay in the liberal juridical weekly Pravo denouncing dueling as a barbaric custom opposed to the principles of justice and the mores of cultured society. And yet, in spite of his public condemnation of dueling, Nabokov’s father did not hesitate to fight a duel when his own honor was impugned. My paper will make a two-pronged argument. First, I will argue that Nabokov was deeply invested in the duel for reasons at once personal, literary, ethical, and metaphysical.  Second, I will argue that Nabokov’s understanding of the duel was inextricably tied to the French cultural landscape.
    “No Russian writer of any repute has failed to describe une rencontre, a hostile meeting,” he writes in Speak, Memory. His choice of language underscores the dual citizenship of what he calls “the Franco-Russian code” that Russian duelists adopted and dutifully upheld in their own battles over personal honor. By focusing on what Nabokov wrote about such famous Russian historical and literary rencontres (Pushkin’s with Georges d’Anthès, Onegin’s with Lenski, Bazarov’s with Pavel Petrovich Kirsanov), I will argue that dueling becomes the ultimate test case of a man’s autonomy and moral virtue in Nabokov’s hierarchy of values.

 

Dana Dragunoiu is an Associate Professor of English at Carleton University in Ottawa, Canada. She is the author of Vladimir Nabokov and the Poetics of Liberalism (Northwestern UP, 2011). She has also published scholarly articles on J.M. Coetzee, Ernest Hemingway, Stendhal, and contemporary film. She is currently working on her second book, provisionally titled “Kant and the Twentieth-Century Novel.”

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COUTURIER, Maurice – Université de Nice

L’érotisme à la française de Nabokov   Dans un précédent ouvrage, Roman et censure ou la mauvaise foi d’Eros (Champ Vallon 1996), j’avais examiné attentivement les différents modes d’écritures adoptés par toute une série de grands (et moins grands) romanciers pour parler du sexe. J’avais constaté que Nabokov avait innové en usant d’un mode que je qualifiais de « poérotique », c’est-à-dire de poétique et d’érotique à la fois. Un mode qui n’est pas sans rappeler celui de Ronsard, Belleau (cités dans Lolita), ou encore Baudelaire, et que l’on retrouve, en moins efficace peut-être, chez de nombreux romanciers français depuis le roman troubadour Flamenca jusqu’à Proust au moins, à l’exception notoire du Marquis de Sade, cependant. La littérature anglaise ou américaine, corsetée par un certain puritanisme, a aussi su parler du sexe mais sur un mode très différent dans bien des cas, y ajoutant tantôt le rire (Sterne), tantôt le didactisme (D. H. Lawrence), quand ce n’est pas le débridement stylistique (Joyce). Dans cette présentation, je vais donc comparer la pratique poétique de Nabokov à celle d’un certain nombre d’écrivains français, tout en prenant la précaution de signaler que, depuis la quasi disparition de la censure pour les œuvres littéraires dans les années cinquante, la tonalité de nos romans français en la matière a beaucoup changé, et pas toujours en mieux, malheureusement.

 

Maurice Couturier a fait sa carrière universitaire en France et aux États-Unis. Il est spécialiste de Nabokov, auteur de plusieurs traductions, dont Lolita (Gallimard) et de six essais, dont Nabokov ou la tyrannie de l’auteur (Seuil), Nabokov ou la cruauté du désir (Champ Vallon) et Nabokov ou la tentation française (Gallimard) ; il dirige aussi la Pléiade Nabokov. Théoricien du roman, il a publié notamment La Figure de l’auteur (Seuil) et Roman et censure ou la mauvaise foi d’Eros (Champ Vallon). Il a aussi été, avec son épouse, le premier traducteur de David Lodge. Il a publié un premier roman, La polka piquée (L’Âge d’Homme), et en sort bientôt un second, Ziama (Orizons), ainsi que ses souvenirs d’enfance, Chronique de l’oubli (Orizons).

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